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Interview :

Aurélie Travers

Aurélie Travers

Présente depuis 12 ans au club, Aurélie est capitaine de l'équipe féminine du Mans FC. Défenseuse, la joueuse nous parle de son vécu au club, de cette saison qui va être compliquée (avec notamment la particularité que 6 équipes seront reléguées). 

Dans les 3 prochaines semaines, 4 matchs attendent les mancelles : Lorient, Condé, Rouen et Angers... Une série de 4 matchs d'importance dans le combat à venir pour assurer le maintien et rêver à plus !

 

Merci à Aurélie pour le temps accordé !

En 12 ans à Le MansFC, comment tu as vécu la chute et la reconstruction ?

On a été  forcément impacté. Il y avait deux aspects : le côté professionnel et l’association.

Le côté association n’a pas forcément été touché dans un premier temps car c’était surtout le côté professionnel qui a tout perdu, comme tout le monde le sait, sa structure, les joueurs, le financement, …

Là où nous avons commencé à être impacté, c’est quand les garçons nous ont rejoint sous l’association. C’était compliqué.

Quand le club a été touché, on s’est tourné vers les filles beaucoup plus pour redonner une belle image du Mans FC. Ce qui était très positif pour nous car nous devenions l’équipe phare de tout un club qui avait connu la ligue 1 et la ligue 2 et on ne parlait que des filles. Et c’est vrai qu’à ce moment-là, nous avions des bons résultats, ça permettait au club de pouvoir rebondir sur tout ce qui pouvait se passer.

Personnellement, je me suis dit : enfin on parle beaucoup plus des filles qu’auparavant : des gens vont venir nous voir, découvrir le football féminin car les garçons à ce moment-là ça n’allait pas: dès que les garçons remontent et je suis la première à en être contente, les projets se reconstruisent et j’espère que  les filles en feront partie.

Le club dit qu’il faut qu’on monte en D1 mais j’ai la sensation que nous avons encore beaucoup à  prouver.

Monter en D1 pour les filles c’est très bien mais la D1, c’est passer d’un niveau amateur à un niveau professionnel aujourd’hui. L’argent commence à arriver en D1 : il y a des filles qui peuvent vivre du football donc forcément les conditions des joueuses ne sont plus les mêmes.

Il faut donc un projet solide à comparer avec les garçons pour monter en CFA ou en national. Si rien n’est construit derrière, nous n’irons nulle part.

On ne peut pas avoir cet objectif de montée en D1 s’il n’y a rien de construit derrière. Il y a toujours eu un fossé entre la D2 et la D1… Maintenant ce fossé est une grande rivière qu’il faut traverser. Le problème est qu’en D1, il y a 2 championnat : le haut avec Paris, Lyon, Montpellier, Juvisy où les filles ne font que ça et le bas, des clubs comme nous si on monte qui vont se battre pour le maintien. Car les filles continuent à travailler la journée, font les entraînements 3 à 4 fois par semaine avec de la fatigue car toutes les conditions ne sont pas créées pour jouer au haut niveau. Du coup, on perd des joueuses car elles sont jeunes et elles n’ont qu’un objectif c’est d’aller le plus vite possible en D1. Et il y a des clubs aujourd’hui en D2 qui commencent à trouver des logements, des emplois pour les joueuses et au Mans, ce n’est pas encore stable : elle n’est pas sûre d’avoir un appartement par exemple. On a Romuald Alavoine qui, au comité du club, s’occupe des filles mais n’a pas forcément beaucoup de moyens.

Justement, c’est quoi la semaine type d’une joueuse ?

Lundi travail, mardi travail et entraînement le soir, mercredi travail et le soir entraînement, jeudi travail et entraînement sur spécifique  (attaquante, défenseuse, …) optionnel, vendredi travail et entraînement,

Pour mon cas, lundi 7h30 / 18h, mardi 7h30 / 21h30, mercredi 7h30 / 21h30, Jeudi 7h30 / 18h sauf si je vais à la séance après, vendredi 7h30 / 21h30, je suis éducatrice (en tant que coach des U17) le samedi après-midi et le dimanche match.

et dans le projet de la formation, préformation et CFA, le projet roule sans aucun souci.

C’est l’emploi du temps en général d’une joueuse car elles sont soit étudiantes, soit elles travaillent (par exemple en CAE), soit elles ont un service civique..

Comment se présente cette saison ?

La saison va être dure parce qu’il y a deux objectifs : le premier est d’être dans les 6 premiers, c’est indéniable.

Le championnat cette année va être très bizarre. Je pense que l’objectif de monter, il faut à l’esprit mais celui-là n’est pas le plus important : le plus important est surtout le maintien parce que 1 puis 2 défaites et on se retrouve pas bien au niveau du classement. Ça peut aller très vite. On a un match en retard certes mais c’est vrai que ça va être très serré jusqu’à la fin de l’année. Peut-être que nous verrons des écarts plus importants avec le bas de classement dans la deuxième phase parce que le calcul va être vite fait. Ce ne sont pas les 3 dernières journées qui vont être décisives, ça va être bien avant. Donc il y a des équipes qui vont jouer jusqu’au bout pour pouvoir se maintenir mais c’est vrai qu’il y a des équipes où il n’y aura plus besoin à un certain moment.

Donc un championnat très bizarre cette année. J’en avais déjà parlé : le plus important c’est de rester en D2 et tous les week-ends, c’est un match de coupe.

On perd un match contre Saint-Malo qui nous a mentalement bien affecté : nous avons un groupe jeune et ça joue un peu. Après on a su rebondir contre Quimper où on gagne 5 à 0 mais  on a eu un match compliqué à Yzeure où le match nul aurait été mérité mais malheureusement on perd. Le football reste un jeu et même si le match nul aurait été logique au vu du match, elles ont pris le devant.

Il faut garder la tête haute. La saison va encore être très longue.

Ce qui est compliqué est que nous avons 1 match, 1 week-end libre, 1 match, …  Du coup, le rythme, nous ne l’avons pas encore et c’est là où il va falloir se préparer et dès ce week-end face à Lorient, et surtout les 3 matchs qui vont nous attendre après : Condé, Rouen et Angers : Il va vraiment falloir être à 100% sur les 4 matchs qui nous attendent. On commencera vraiment à regarder le classement.

 

Tu es capitaine, ça représente quoi ?

Beaucoup de fierté dans le sens où cela fait des années que je porte le maillot du Mans FC et que ça a toujours été mon club même si je suis parti 2 ans à Clairefontaine et que j’ai intégré l’équipe de France pendant 5 ans, ça a toujours été mon club. Une fierté de pouvoir aider les joueuses qui intègre la D2 ou qui sont en D2 depuis plusieurs années, de les accompagner dans différentes démarches individuelles et/ou collectives.

C’est important car j’ai été à leur place et on m’a accompagné pour que je sois le mieux possible : je prends donc ce rôle vraiment à cœur car les jeunes ont besoin à un moment d’être boosté, ou de parler, ou de faire remonter des choses au coach et je trouve que cette relation entre les joueuses est importante.

C’est une fierté par rapport à toutes ces années passées au club.

Comment vit le groupe ?

Le groupe vit bien, il n’y a pas de souci particulier. C’est sûr que le fait de faire un match, un week-end repos casse le rythme entraînant un peu d’énervement et d’agacement car la compétition c’est la raison pour laquelle on fait du foot. C’est pour les matchs, la compétition, c’est pour les gagner : on est assez frustré par le fait de ne pas pouvoir jouer tous les week-ends ;

Maintenant les entraînements se passent bien, les jeunes s’investissent de plus en plus, se découvrent de plus en plus.

Il va falloir le mettre sur le terrain le dimanche.

Un Message pour le Virage Sud ?

C’est une habitude que vous soyez là de temps en temps, ça nous fait énormément plaisir et on ne réclame que ça.

Maintenant, on sait qu’il y a les garçons aussi et je pense que toutes les filles en sont conscientes et y a pas de problèmes de ce côté-là. On est à la recherche de personnes qui viennent nous encourager parce qu’on en a besoin, parce que depuis qu’on est au Clos Fleuris ou à la Pincenardière on a énormément perdu de personnes par rapport à quand on était à Bollée, parce qu’à Bollée, on touchait beaucoup de personnes plus ou moins âgées, qui étaient dans les alentours, qui pouvaient venir à pieds, donc c’est sûr que nous avions plus de monde ; maintenant qu’on est à la Pincenardière ou au Clos fleuri, les gens ne veulent pas prendre leur voiture pour venir

Je voulais dire merci pour les articles qui sont mis sur Facebook. Il est clair qu’on ne vous voit pas assez et on comprend très bien qu’il y a aussi les garçons et on vous attend : la porte est grande ouverte et on espère vraiment que vous allez nous encourager pour qu’on gagne le match contre Angers.  

On en aura besoin, on a besoin de sentir qu’on appartient à ce club et que les supporters en sont conscients.

Ce n’est pas qu’une équipe à encourager : c’est tout un club qui est en reconstruction que ce soit les équipes fanions masculine en CFA2 et féminine en D2 ou les autres. On aura besoin de tout le monde : supporters, dirigeants, encadrants car on porte exactement le même maillot.

Nous sommes sur un autre aspect que l’équipe masculine : au-delà de l’animation, c’est surtout le nombre qui va nous toucher. Je me souviens d’un match à Bollée en coupe où tout autour du terrain, il n’y avait pas une place et le week-end d’après au Clos Fleury, il y avait une cinquantaine de personnes (parents). Le regard pour les filles est super important, et on veut toujours prouver aux personnes : Coach, gens qui regardent.